interviewe exclusive
DIFOOL de SKYROCK







C'est au printemps 1994 que DIFOOL, animateur d'une émission culte sur une autre radio depuis quelques mois, connut une explosion de notoriété. Sur SKYROCK depuis l'été 96, DIFOOL dût patienter un an avant de reprendre le micro. D'ailleurs c'est en compagnie du nôtre qu'il s'est confié... Pour un peu, il nous aurait pris pour l'équipe de Mireille DUMAS. Bavard le DIFOOL !


 

DIFOOL: Ca me fait bizarre de me tenir comme ça, j'ai l'impression de ressembler à Danielle GILBERT (rires).

RADIO-PHONIC: Bon, sérieusement, tu n'as pas l'impression de faire toujours la même chose?

DIFOOL: Non, parce qu'au bout d'un moment, si tu fais toujours la même chose tu t'emmerdes. Si tu t'emmerdes, ton émission est moins bien parce que t'es pas excité. Si t'es pas excité, les gens le sentent et si tu tournes en rond, faut arrêter. Je ne suis pas obligé de faire de l'antenne à SKYROCK. J'en fais parce que ça me plait, parce que je gère aussi l'antenne de SKY et que pour l'instant l'émission cartonne et que j'ai rien pour remplacer. Mais le but c'est de former des jeunes mecs qui prennent ma place et qui me laissent à 100% le temps de bosser sur les antennes de SKY et CHANTEFRANCE. Le 21h-minuit en plus c'est une tranche qui n'est pas facile, tes potes qui travaillent en journée, tu ne peut pas les voir en semaine, les avant-premières cinéma c'est à la même heure, les concerts aussi. Il est clair qu'à minuit je ne ferme pas mon bureau pour rentrer chez moi.
Moi je dors de 9 heures à 14 heures et après j'arrive ici. Donc il est vrai que c'est pas évident, c'est plus une question de fatigue physique que de ron-ron sur ce que disent les gens. En plus je trouve que les auditeurs ne disent pas toujours la même chose depuis 10 ans, que les moyens de communication ont évolué. Il y a dix ans, les gens étaient obligés d'être chez eux pour t'appeler, sur le téléphone de la famille. Aujourd'hui les gens, et notamment nos auditeurs, ont leur téléphone. Ils peuvent appeler du lit sans que les parents soient au courant, ils peuvent réagir à n'importe quel moment, ce qui n'était pas le cas il y a dix ans.
Pour moi, chaque personne qui vient parler est un individu avec une expérience qui est différente, c'est toujours intéressant.

RADIO-PHONIC: Tu as l'impression d'apporter quelque chose, un plus avec ton émission?

DIFOOL: C'est un espace de liberté, donc rien que pour celà ça apporte quelque chose. Je pense qu'on apporte un état d'esprit. Les auditeurs savent très bien à qui ils parlent, ils connaissent très bien l'ambiance et savent bien que sur un petit problème on va déconner. Oui on peut être utile, mais il ne faut pas avoir la prétention de se dire "je suis indispensable". Tu vois, j'ai arrêté la radio un an, la terre a continué de tourner, les gens ont continué à écouter la radio et y'a pas eu de soucis (rires).

RADIO-PHONIC: Tes débuts à la radio?

DIFOOL: J'ai visité SUD RADIO et RADIO ANDORRE avec mes parents, je devais avoir dix ans, et ça faisait deux ans que j'écoutais les deux radios. J'ai commencé à faire de la radio un samedi après-midi sur SWK, une radio rock-punk-reggae de Saint-Etienne. C'était fin 1981. Je suis parti trois mois plus tard sur une autre radio, RCV, radio centre ville, qui était la radio des commerçants du centre-ville de Saint-Etienne, dont ils voulaient se séparer. A quatre on a sauté sur l'occasion en récupérant la radio. On a repris le loyer, l'électricité, tout ce qu'il fallait pour faire tourner la radio. Comme ils voulaient garder leur nom, on a créé M RADIO. Ca a duré huit ans, avec pour but de faire une radio pour la nouvelle génération, déjà, pour les 15-34 ans parce que ça n'existait pas.
Par la suite j'ai envoyé mes premières cassettes à SKY, à NRJ et à FUN. Je n'ai pas eu de réponse de SKY, je n'ai pas eu de réponse d'NRJ, et j'ai eu une réponse de FUN qui m'a dit de passer dans la semaine. C'était en août. Je passe à FUN, il y avait un nouveau directeur d'antenne qui venait de virer tout le monde et il se retrouvait dans la merde parce qu'il n'y avait personne pour faire le week-end et la nuit.
Il m'a fait faire un test et m'a dit "dans deux jours tu démarres". J'ai arrêté à Saint-Etienne et j'ai fait les nuits du week-end à FUN, en parlant deux fois par heures et j'étais content comme un roi ! J'étais heureux, ça me fascinait le fait que ma voix parte sur un satellite et qu'elle soit rediffusée dans toute la France. Pour moi, le fait d'avoir un émetteur sur la tour Eiffel c'était magique.
On était deux à l'époque pour faire le week-end à FUN. Entre le vendredi soir minuit et le lundi matin six heures, y'avait deux animateurs, P.O et moi. On dormait par tranches de trois-quatre heures, on était dans les canapés à la radio, personne ne venait c'était désert et c'était génial. Ensuite on nous a mis en semaine, j'ai pris les "dédi-FUN". Ca s'est bien passé jusqu'à l'arrivée de "bonsoir la planête" (NDLR: avec Malher sur SKYROCK). Sur ce, Benoît SILLARD part aux USA à un salon de radio, revient avec un book avec la description d'une émission qui s'appelait "love-line", avec tous les personnages de l'émission: le doc, l'animateur formaté à l'américaine à outrance. On a lu ça, il m'a demandé si ça m'intéressait, j'ai dit oui.
On a fait dix-huit "numéro zéro" (NDLR: un prototype d'émission qui n'est pas diffusé à l'antenne) entre une heure et deux heures du matin pendant l'été. Ensuite on a fait "lovin'FUN" à la rentrée. J'ai récupéré le morning parce qu'Arthur était parti. Je faisais le 6-9 et le 19-22 heures. J'ai fait les deux pendant six mois. Puis j'ai arrêté le matin et gardé "lovin'FUN" pour pouvoir gérer l'antenne. C'est là qu'on a créé la libre-antenne. La première c'était "le Difooloir" en fait, qui n'a duré que trois semaines et qui a été interdit par le CSA.

RADIO-PHONIC: Est-ce que tu pensais lorsque tu étais sur FUN, qu'un jour peut-être, tu serais sur la station d'en face, celle sur qui tu crachais fréquemment?

DIFOOL: Non. Ce qu'on a fait à FUN, on l'a fait sans réfléchir, au feeling, par passion. J'ai dormi là-bas, j'ai vécu là-bas, j'ai pris un appartement à côté de FUN pour pouvoir me lever et aller à la radio n'importe quand. On l'a fait sans trop réfléchir. La guerre était violente à l'époque entre les deux radios.
Je me souviens de l'époque où FUN avait fait 10 tops à la suite sans pub. SKYROCK renchérit le surlendemain avec 13 titres à l'heure, et deux jours après FUN annonce 14 titres à l'heure et SKYROCK à nouveau avec 16 titres en coupant tous les disques. La guerre était à ce niveau là. C'était plutôt violent. Moi ce que je reprochais à SKYROCK c'était de ne pas être authentique. C'étaient les stars à SKYROCK. Tabatha CASH la star, ça a été MAURICE la star, MALHER moins, c'est vrai. C'est un compliment que je fais à MALHER en fait.
Y'avait des philosophies différentes et c'est pour ça que je tapais sur SKYROCK. Quand j'ai rencontré Pierre (NDLR: Pierre BELLANGER, le Boss de SKYROCK), il m'a dit: "tu nous a fait beaucoup de bien en nous critiquant en direct à l'antenne, en disant ce que tu disais". Aujourd'hui je juge que ce n'était pas très intelligent. Parce qu'une radio c'est pas un nom, une radio c'est des gens. Le SKYROCK d'il y a cinq ans n'est pas celui d'aujourd'hui, le FUN d'il y a quatre ans est clairement pas celui d'aujourd'hui. La radio c'est des gens à l'intérieur et moi j'ai pas envie d'attaquer les gens parce qu'on fait le même métier et que la roue tourne.

RADIO-PHONIC: Donc si un jour FUN RADIO te demande de revenir, rien n'est impossible?

DIFOOL: Rien n'est exclu. J'ai pas envie de taper sur les gens, j'ai pas envie de parler des autres radios, j'ai envie de m'amuser.

RADIO-PHONIC: Tu n'as pas d'avis sur les autres radios?

DIFOOL: Bien sûr que si que j'ai un avis ! Sinon je suis un guignol. J'écoute toutes les radios, toute la bande fm, je suis dingue de ça et je n'ai pas changé.

RADIO-PHONIC: Quelles sont tes radios préférées... à part SKY?

DIFOOL: En tant qu'auditeur, question difficile. J'aime plusieurs trucs un peu partout. J'aime "les auditeurs ont la parôle" sur RTL. J'aime DECHAVANNE sur RTL, j'aime RADIO DEEJAY en Italie. A une époque j'écoutais NOVA pour me vider la tête parce que ça ne ressemble pas à une radio. C'était un moment de détente. J'aime RFI... J'oublie sans doute des choses.

RADIO-PHONIC: Et comme musique, tu écoutes quoi?

DIFOOL: J'écoute la prog' des radios, je n'écoute pas de disques. J'écoute très peu d'albums parce que je veux découvrir les titres à la radio. Je veux rester dans la position de l'auditeur. Je ne veux pas me passer cent fois un titre alors qu'il ne sera jamais passé en radio, parce que je serai décalé. J'ai fait ma culture rap sur SKY. Et pour ceux qui me sortent: "ouais t'étais rock, t'es pas rap", non j'étais pas "rock" et je ne suis pas "rap". Je suis un animateur de radio, un passionné de radio. Et je trouve que le rock rebelle de FUN de l'époque, qui n'était pas du vieux rock, c'était du rock à la "of-spring", du punk-rock positif et rebelle, se rapproche pour beaucoup du rap qu'on passe ici sur SKYROCK. Ca a souvent la même puissance, le même fond de rebellion contre les choses qui ne vont pas dans la société. Mais le vrai mec de la musique et la musique de SKY ici, c'est Laurent BOUNEAU. Il a le talent, le pif, l'expérience pour gérer tout ça.

RADIO-PHONIC: A l'époque où tu étais sur FUN, ça se passais comment avec MAX?

DIFOOL: Très bien, j'étais son patron !

RADIO-PHONIC: Que penses-tu d'ADO FM, ce n'est pas un clone de SKYROCK?

DIFOOL: On est premier à Paris avec ADO FM, une radio qui essaie de faire ce que fait SKYROCK, je trouve ça très bien. La concurrence ça fait avancer.

RADIO-PHONIC: Parce que justement SKYROCK a attaqué ADO FM...

DIFOOL: Ah ouais, au bout d'un moment faut arrêter. Quand tu prends des risques pendant un an et demi sur un groupe et que t'as des guignols qui arrivent un an et demi après en disant "c'est moi qui ai découvert ce groupe" faut se calmer ! L'auditeur n'est pas stupide, il sait quelle est la radio qui lance une nouveauté. Les gens qui écoutent SKYROCK peuvent zapper sur ADO, sur FUN, sur NRJ. Les gens qui nous écoutent sont intelligents et savent très bien ce qui se passe. Je pense que ça se retourne contre celui qui ment. Celui qui fait vivre la radio, c'est celui qui écoute. C'est primordial de le respecter. Plus que l'annonceur. Le respect de l'auditeur c'est la base de la radio.

RADIO-PHONIC: SKYROCK est la radio qui a le plus d'animateurs qui interviennent en direct. Tu ne crains pas un jour de devoir tout enregistrer, tout contrôler avant diffusion?

DIFOOL: Il nous arrive d'enregistrer un best-of (rires). On veut garder le côté "live" le plus longtemps possible. On n'a pas de "voice-track" et on n'en aura pas. Je veux garder une équipe motivée qui a envie de faire de la radio. Ils n'ont pas envie d'enregistrer. Là aussi c'est le respect de l'équipe.

RADIO-PHONIC: Ton pseudo a toujours été le même?

DIFOOL: Non, à Saint-Etienne je m'appelais David. DIFOOL c'était à FUN. A l'époque il fallait choisir un pseudo de BD. Y'en avait plusieurs: Treize, Tintin, Difool... J'ai choisi Difool.

RADIO-PHONIC: TINTIN ça aurait fait un peu Pascal SEVRAN !

DIFOOL: Ah Tintin c'était un peu limite. Mais y'avait que des trucs pourri. On m'avait proposé une liste de noms et Difool j'étais pas fan non plus. J'ai mis longtemps à m'y habituer.
 



 
 

© RESAPROD 2001-2006
propos recueillis par Zack MOULLEC, Jérôme ROMAIN, Mickaël ROIX
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